La psychogénéalogie – analyse transgénérationnelle repose sur une approche systémique : replacer l’individu au cœur des différents systèmes auxquels il appartient (familial, culturel, religieux, professionnel) afin de lui permettre d’identifier ses fidélités inconscientes, ses dettes, ses loyautés.

La psychogénéalogie établit un pont entre la généalogie et la psychologie. C’est une pratique qui a été développée dans les années 1970 par Anne Ancelin Schützenberger, psychothérapeute. Ses thèses transgénérationnelles sont développées dans son célèbre ouvrage : Aïe, mes aïeux !

La théorie transgénérationnelle part du principe que l’histoire de chacun est le produit de l’histoire familiale. Ainsi, les conflits, les secrets ou les évènements traumatiques (guerres, deuils, maladies, exils, abandon, prison, démence) vécus par les ascendants d’un sujet conditionneraient ses troubles psychologiques, ses maladies, ou certains comportements qui peuvent sembler étranges ou inexplicables.

L’objectif de la thérapie transgénérationnelle est de trouver son identité propre, sa place, et de reconnaître les comportements qui nous appartiennent et ceux dont nous avons hérité afin de remettre chacun (personnage et évènements) à sa juste place.

Cette pratique clinique a également été théorisée par d’autres psychothérapeutes-psychanalystes comme Nicolas Abraham et Maria Torok (L’écorce et le noyau), Serge Tisseron (Les secrets de famille), Vincent de Gaulejac (La névrose de classe, Les sources de la honte, L’histoire en héritage), Ivan Bozsormenyi (Les loyautés invisibles), ou encore Didier Dumas (Les fantômes familiaux).

Les outils de la psychogénéalogie :

Pour éclairer les zones d’ombre de l’histoire familiale d’un individu, le thérapeute peut se servir de différents outils :

1.       Les recherches généalogiques :

Les archives sont une véritable mine d’or pour mettre à jour des éléments factuels de l’histoire familiale (archives militaires, actes d’état-civil, recensement de population, cadastres, etc.). Les outils actuels (site de généalogie : Généanet, Filae, My Heritage, etc.) donnent accès à de nombreuses données en France et à l’étranger. Par ailleurs, les départements français ont numérisé l’essentiel de leurs archives, ce qui facilite grandement les recherches.

Dans le cadre d’une séance : le thérapeute n’effectue pas les recherches à la place du patient. Il l’oriente, le guide, lui donne les clés nécessaires pour réaliser cette enquête généalogique, puis l’aide à comprendre et décrypter les données trouvées.

La recherche généalogique est une quête personnelle, souvent longue, mais particulièrement curative. Elle permet de s’approprier certains éléments de l’histoire familiale et de casser certains « mythes » en confrontant la réalité historique des archives aux récits familiaux fantasmés ou erronés.

2.       Les objets flottants (outils du travail systémique) :

Les objets flottants sont des outils qui permettent de créer un espace intermédiaire, un médiateur dans la communication afin de libérer la parole et d’enrichir le processus thérapeutique. Les objets flottants amènent une ouverture vers le champ de l’expérience. Ils mobilisent l’émotionnel et parfois le corporel, et ils laissent une grande part à l’analogique. Ils permettent l’apprentissage d’un autre langage que celui des mots, souvent fatigués de sens quand il y a eu plusieurs essais de résolution de problème par la parole.

Les objets flottants utilisés peuvent se décliner sous la forme de jeux, d’écrits, ou de créations. Exemple : le jeu de l’oie systémique, le conte systémique (écrire un texte sous forme de contes), création de masques ou de sculptures, créer un blason familial, élaborer une ligne de vie.  

3.       Le génosociogramme :

Le génosociogramme est une sorte d’arbre généalogique visant à explorer le sens des liens entre les générations : liens intergénérationnels et transgénérationnels (invisibles et inconscients).

Le génésociogramme est un des outils principaux de la psychogénéalogie. Il peut englober jusqu’à 5 ou 7 générations. Il permet de mettre en évidence les phénomènes de répétition : les accidents, les maladies, les deuils non résolus, les non-dits, les syndromes d’anniversaire, les mythes familiaux.

La réalisation et la lecture d’un généosociogramme pointent les traumatismes vécus par les membres d’une famille et apporte une image globale de l’histoire individuelle et familiale d’une personne.

Lorsque l’on dessine son génosociogramme, il ne s’agit plus d’aller chercher dans les archives. Le travail repose sur la mémoire brute et immédiate d’une personne à un instant T : « Ce qui est important, c’est la façon dont l’auteur de cet arbre fantasmatique perçoit les personnages et les liens qui l’unissent et le lient à ses ascendants et à leurs rôles. Ce sont même parfois les blancs, les trous de mémoire de la famille qui en disent long : ils permettent de comprendre ce qui a été rayé de la mémoire familiale. » Anne Ancelin Schützenberger, Aïe, mes aïeux !

4.       Le photolangage et les cartes associatives :

Travail à partir de cartes de différents jeux de cartes, de cartes postales, de photographies.

Mobilisant l’imaginaire, les photos ou cartes vont faciliter la prise de conscience pour chacun des images et des représentations dont il est porteur.

Le photolangage va chercher à favoriser les processus associatifs, et la valeur symbolique des images va permettre de faire immerger les représentations inconscientes à l’œuvre chez un individu. Le thérapeute, par sa connaissance des symboles (couleurs, formes, animaux, objets, etc.) sera alors en mesure de comprendre sur quels mythes la personne se construit.

5.       Le rêve éveillé

Le rêve éveillé, libre ou dirigé, est également un outil qui repose essentiellement sur les représentations symboliques de la personne. Il s’agit de créer de l’image.

Le rêve éveillé se caractérise par le fait de voir (paysages, animaux, personnages, objets), de ressentir (le rêve éveillé suscite des sentiments et des émotions), et de verbaliser (le patient met en mots tout ce qu’il vit et voit au fil de son rêve éveillé).

Le thérapeute intervient principalement pour permettre le bon déroulement du rêve éveillé. Il peut faire au patient certaines propositions, par exemple se déplacer, regarder autour de lui… Le patient doit vivre son rêve éveillé dans l’ici et maintenant, il n’associe durant ce temps-là ni souvenirs ni interprétations des images du rêve éveillé.

Suite au rêve, le thérapeute va se livrer à un travail d’interprétation et d’association des images. Il sera également attentif aux perceptions auditives, olfactives, kinesthésiques et aux ressentis émotionnels de son patient (tristesse, peur, colère, etc.).